Portraits de deux missionnaires à la double culture - 2.
Simon ASSOGBA
Animateur théologique et membre de l’Eglise Protestante
Méthodiste de France, Simon Assogba,
marié et père de trois grands enfants (18, 15 et 10 ans), est également membre
de l’Equipe Régionale Mission de la région parisienne.
Un homme engagé dans l’Eglise Protestante Méthodiste de
France
L’Eglise Protestante Méthodiste de France est née le 1er décembre
2015. Elle est le fruit de rassemblement des frères et sœurs venant de divers
horizons : Bénin, Côte d'Ivoire et France. Cette communauté, d’expression
française, à laquelle participe Simon, souhaite se rapprocher de l’EPUdF et a
choisi des statuts qui la différencient des autres Eglises
Méthodistes.
L’histoire des Eglises Méthodistes en région parisienne a
été mouvementée ces dernières années. Car la plupart de ces Eglises sont
administrées depuis des milliers de kilomètres et elles ne baptisent pas les
enfants, ce qui est un point important de leur doctrine. Alors que les Protestants
Méthodistes de la communauté de Simon
ont la tradition de baptiser les enfants.
Le centenaire de l’EMUCI (Eglise Méthodiste Unie de Côte d’Ivoire) – 2014 |
ERM : Quelles relations gardent les membres de l’Eglise
Protestante méthodiste de France avec les églises d’origine ?
SA : Nous retournons souvent au pays si nous en avons
les moyens. A la paroisse Cité de Grâce de Nouveau Koumassi d’Abidjan, ou au
Temple Emmanuel de Djegan-Kpevi à Porto-Novo au Bénin. Par ailleurs nous avons gardé la manière de vivre de nos
églises d’origine. Un membre de l’Eglise
doit s’inscrire obligatoirement dans « une classe » qui est une sorte
de mini-église, une cellule de prière. S’il a une prédisposition, il peut demander
une formation de prédicateur par le biais de sa « classe »
qui est animée par un « conducteur » ou une
« conductrice ». Les « classes » se réunissent chaque
semaine. Au Bénin, le membre doit également se confesser devant le pasteur. Actuellement l'organisation s’appuie sur quatre
prédicateurs, deux hommes et deux femmes, qui assistent le Révérend Pasteur
dans la gestion spirituelle de la communauté avec le concours des
conducteurs et conductrices de classes méthodistes. Ils sont tous les quatre
bi-nationaux.
ERM : Qui est votre pasteur ?
SA : Nous avons le Révérend Pasteur Tiburce Paul
KPAMEGAN, qui est en année de recherches doctorales. Il est venu le premier
dimanche de l’année 2016 pour notre fête, un événement important
dans notre année liturgique. Chez les protestants méthodistes, le premier dimanche
de l’année est l’occasion de reprendre l’engagement avec Dieu, - je veux te
servir- par un renouvellement d’alliance, une profession de foi qu’on
retrouve dans une liturgie spécifique.
ERM : Quel lien voulez-vous créer avec l’EPUdF de
Plaisance ?
SA : Nous sommes en France et nous devons travailler avec les Eglises
sœurs, en l’occurrence l'EPUDF dont nous partageons la sensibilité théologique
et liturgique. Nous chantons en français avec le livret « Gloire
à Dieu ». Nous sommes accueillis par la paroisse de Plaisance
et nous nous réunissons actuellement tous les dimanches dans un de ses locaux.
ERM : Comment votre Eglise a reçu la décision synodale
de l’EPUdF concernant la bénédiction des couples de même genre ?
SA : Il y a des fidèles qui sont tombés des nues quand
ils ont appris cela. La plupart ne veulent pas de ces mariages homosexuels, ils
ne les approuvent pas.
J’ai participé à un séminaire théologique de la
CEVAA au Bénin où j’ai eu l'occasion d'animer une rencontre commencée à 22
heures. Nous avons entrepris une longue discussion jusqu’à une heure du matin
sur ce sujet. J’étais perçu comme un homme de la double-culture et on
attendait de moi des explications.
Il y avait des pasteurs très opposés, spécialistes de
l’Ancien Testament comme ce pasteur congolais qui refuse catégoriquement ces
bénédictions. D’autres, comme ce pasteur Rwandais, souhaitaient
comprendre, ne pas se cantonner dans l’opposition. Je leur ai expliqué qu’en
France, l’EPUdF se veut une église de compassion qui accueille chacune et
chacun, où les pasteurs sont libres de faire ou de ne pas faire des
bénédictions de mariage de personnes de même genre.