Balade juifs-musulmans-chrétiens |
FT: Aujourd’hui nous allons parler des activités du Foyer de la Duchère. Revenons d’abord sur votre «Groupe Abraham". Son âge - 30 ans - montre que la nécessité de construire des relations interreligieuses ne date pas d’aujourd’hui.
POD: En effet, on voit un certain nombre d’Eglises locales de l’EPUF s’engager maintenant dans cette direction. Mais la Mission populaire, de par ses lieux d’implantation, s’est confrontée depuis longtemps au multiculturalisme et au pluralisme religieux. Son choix a été d’accepter la réalité « mosaïque » du tissu social, de considérer cela comme une richesse. A la Duchère, nous refusons la frontière entre les différents croyants, mais également entre les croyants et les athées. Il est clair que les chrétiens sont en compagnonnage avec le Christ, mais le socle de l’engagement est pour tous «la bonne volonté» afin de rendre la terre plus habitable, plus fraternelle. Et donc il y a des musulmans qui se reconnaissent très bien dans les valeurs et le travail de la Miss Pop.
FT: Et quels sont les objectifs de ce groupe?
POD: Pour moi, il y a un pari essentiel à tenir: travailler à la connaissance mutuelle, donc encourager la «curiosité» des uns pour les autres, et en même temps approfondir l’affirmation personnelle de sa foi, de ses convictions. Il n’y a pas à faire de syncrétisme, ce ne serait respectueux ni pour les uns ni pour les autres. Parfois au lieu de parler de groupe interreligieux nous utilisons un néologisme: «interconvictionnel» pour bien signifier cet engagement dans l’échange.
POD: Une fois par mois le groupe propose une réunion de lecture des textes des différentes traditions autour d’un thème. Par exemple, cette année il s’agit de «Fraternité et violence» qui se décline comme suit: dans la famille, dans la relation à l’autre, par rapport aux nations. Il faut reconnaître que les plus nombreux sont les catholiques, mais cela correspond aussi à la composition sociologique de notre pays. Puis nous fêtons ensemble les grandes fêtes des uns et des autres, ce qui rassemble entre 80 et 200 personnes.
FT: Souvent on entend déplorer que de tels groupes interreligieux ne touchent qu’une minorité de gens, et n’aient pas suffisamment d’impact pour le vivre ensemble.
POD: C’est difficile à dire mais en tout cas nous intéressons les pouvoirs publics. Ainsi les lieux de culte de la Duchère ont été intégrés par le musée de l’histoire de la ville - musée Gadagne -, dans les Balades à la découverte des lieux de culte. C’est significatif. Et nous participons activement à certains programmes qui concernent notamment la jeunesse. Par exemple, pour les 30 ans du groupe, des débats avec des jeunes vont être organisés à la MJC: «Peut-on rire de tout?», «La
religion nuit-elle à la République?» et une émission sera réalisée en relation avec 4 radios, à base de reportages sur le rapport au quotidien des jeunes avec le religieux. Nous sommes appelés à travailler de plus en plus avec la Ville et les associations.
religion nuit-elle à la République?» et une émission sera réalisée en relation avec 4 radios, à base de reportages sur le rapport au quotidien des jeunes avec le religieux. Nous sommes appelés à travailler de plus en plus avec la Ville et les associations.
FT: Je suppose que le Foyer a également d’autres champs d’action?
POD: Oui, d’autant plus qu’il n’abrite pas seulement l’association 1905 mais également l’association 1901: le Comité protestant de la Duchère, lequel travaille dans deux gros secteurs: culture et convivialité, solidarité et entraide. Quand on dit cela on voit bien sûr qu’il y a cohérence et convergence entre les deux associations et je suis personnellement impliqué dans les deux, comme pasteur dans l’une, comme directeur dans l’autre.
POD: Ce qui unit tout cela, c’est l’esprit de fraternité et de service, c’est aussi l’engagement fidèle des bénévoles. Enfin c’est la conviction que l’Evangile s’intéresse à tout l’homme et à tout homme. Le Comité organise des dîners-débats mensuels où l’on touche à des tas de sujets sociétaux aussi bien que politiques, des temps de convivialité, des rencontres pour l’échange des talents entre les uns et les autres, des sorties au musée et des soirées-concerts… et au niveau de l’entraide nous avons un vestiaire, nous abritons une permanence juridique de la Cimade, une permanence emploi, une permanence écrivain public…