le Pasteur Philippe de Bernard |
FT : Philippe de Bernard, cela fait 25 ans que vous êtes aumônier militaire. Et avant ?
PdB : Je viens de la marine marchande où j’étais officier. Je participais à « la mission de la mer ». C’est une mission œcuménique qui se charge d’envoyer des témoins de la foi sur les bateaux, mais également de mettre des foyers conviviaux à disposition des marins quand ils débarquent dans tous les grands ports du monde.
FT : L’aumônerie s’inscrit donc dans la continuité de votre engagement?
PdB : J’ai vraiment reçu un appel, alors j’ai étudié la théologie à Aix-en-Provence, puis en 1990 j’ai commencé mon périple : 2 ans en Allemagne, 7 à Brest, 5 en Polynésie Française, 7 à Nantes, et maintenant je suis aumônier pour la région Ile de France, Picardie, Nord, Pas de Calais.
FT : Pouvez-vous évoquer les moments les plus cruciaux de votre ministère ?
PdB : Sans conteste les événements extrêmement violents qui se sont passés en Côte d’Ivoire il y a maintenant 11 ans, en novembre 2004, dans un contexte très difficile entre la France et la Côte d’Ivoire. Dans un climat d’émeutes et de chasse aux étrangers, j’ai participé, bien modestement, à une mission de paix avec le pasteur ivoirien Dieudonné Carou. Nous avons pu sortir du camp où nous nous trouvions, en vêtements civils, et nous rendre à Yamoussoukro, la capitale politique, pour rencontrer différents responsables. Et le 15 janvier 2005 s’est tenue dans la basilique Notre Dame de la Paix la première rencontre de prière interreligieuse et internationale organisée par des aumôniers militaires. Je me souviens encore de la prière pour la paix de St François d’Assise, lue par à la fois par un général français catholique, un colonel major ivoirien protestant et un général de l’ONU musulman. A la suite de ces événements, l’ONU a institué une journée mondiale du soldat pour la paix.
FT: Diriez-vous que les religions, qu’on voit souvent comme des facteurs de guerre et de violence, sont au contraire des générateurs de paix ?
PdB : Oui, à condition qu’elles entrent en dialogue et qu’elles se respectent. J’ajouterai qu’il est essentiel, quand on arrive dans un lieu pour une nouvelle mission, d’aller rencontrer tout le monde, faire connaissance des uns et des autres, aussi bien dans le monde politique que dans le monde associatif et a fortiori dans le monde religieux.
FT : Aujourd’hui c’est la France qui vient de vivre des événements très violents. Vous avez apporté votre présence à la suite des attentats?
PdB :Dans les hôpitaux militaires auprès des blessés avec l’aumônier Françoise VINARD. Ma collègue le Pasteur Nathalie Guillet et moi-même nous nous sommes rendus spontanément le samedi 14 novembre à l’Ecole Militaire, afin de proposer notre soutien aux psychiatres et aux psychologues qui recevaient les gens touchés, de très près ou de plus loin, par ce qui s’était passé. Plus de 800 personnes ont été reçues, toujours très dignes, et pour certains encore dans l’incertitude sur le sort d’un proche. Nous étions là pour écouter, réconforter, répondre aux demandes individuelles de prière, mais sans rien d’officiel. Et je crois que nous avons fait œuvre utile, car les services psychiatriques étaient contents et nous ont intégrés au débriefing. Après mercredi nous avons continué à l’Institut médico-légal. La présence, l’écoute, c’est une mission essentielle !
FT : Philippe de Bernard vous avez une demande à faire ?
PdB : Il faut penser particulièrement à tous les soldats qui sont mobilisés, à l’étranger mais aujourd’hui ici aussi, en France pour l'opération sentinelle. Ils font des missions de 6 semaines, dans des conditions souvent difficiles. Il faut vraiment prier pour eux. Mais nous avons également besoin que des collègues pasteurs se proposent pour aller les visiter et les encourager. Nous ne sommes pas assez nombreux. Le ministère recrute pour des missions intermittentes de quelques jours par mois.
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